Drôle de
surnom donné à un juge. Et pourtant c’est ainsi que les délinquants mineurs
appellent Assia El Oudia juge en charge de l’insertion et du suivi des délinquants mineurs. Ce surnom doit compenser
certainement chez les jeunes détenus des mères qu’ils n’ont jamais eu car la mot « mama » en dialecte
arabe marocain signifie maman. Ces jeunes délinquants abandonnés souvent à eux même
et dont les mères biologiques sont ou
bien des mères indignes mais surtout empêchés de remplir leur rôle de mère par
indigence, pauvreté ou abandon. Souvent ce sont des enfants des rues.
Assia El Ouadie était magistrat au parquet du
tribunal de première instance de Casablanca entre 1971 et 1980.
Après une formation de perfectionnement
à l'Ecole nationale de la
Magistrature à Paris
(1980-1981), elle
avait intégré le barreau de Settat (1981-1984) et rejoint ensuite celui de Casablanca jusqu'à 2000, date à laquelle elle avait réintégré
la magistrature au sein de l'Administration
pénitentiaire où elle s'occupait des Centres de réforme et
rééducation pour jeunes mineurs .
Elle a crée et préside l'Association Mama Assia des amis des centres de réforme et était également membre de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus (présidée par le Roi) et a milité pour la création de centres de formation professionnelles qu’elle n’hésitait pas à présentait au Roi à chaque fois qu’il rendit visite aux centres de détention. Bravant souvent le protocole qui organise ces visites elle n’hésitait pas à présenter au Roi des détenus qui ont réussi à des diplômes universitaires ou professionnelles.
Elle a crée et préside l'Association Mama Assia des amis des centres de réforme et était également membre de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus (présidée par le Roi) et a milité pour la création de centres de formation professionnelles qu’elle n’hésitait pas à présentait au Roi à chaque fois qu’il rendit visite aux centres de détention. Bravant souvent le protocole qui organise ces visites elle n’hésitait pas à présenter au Roi des détenus qui ont réussi à des diplômes universitaires ou professionnelles.
Elle
était en outre cofondatrice, en 1999, de l'Observatoire des prisons, membre de l'Organisation marocaine des droits de
l'Homme, du Conseil consultatif des droits de l'Homme, de l'Association du
centre d'écoute et d'orientation pour femmes battues. Elle était sur beaucoup de fronts, avec une conviction jamais
exempte de chaleur humaine, de compassion et d’engagement sans être jamais
grisé par le pouvoir.
Dans
sa lettre de condoléance adressée à sa famille le Roi « rappelle les qualités humaines de la
défunte et sa défense des droits des enfants et des jeunes, et en particulier
des droits des pensionnaires des Centres de réforme, de rééducation et de
réinsertion, soulignant que la regrettée a consacré sa vie pour servir leurs
causes et s'est efforcée de leur assurer soutien et protection, que ce soit en
tant que membre de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus ou
au sein des différentes organisations de la société civile dans lesquelles elle
était un membre actif, ce qui lui a permis de jouir de l'estime de tous. »
Mais d’où
lui venaient donc ce militantisme et ce punch pour être au service des
autres accompagné de ce désintérêt du
pouvoir. Une première explication est donnée par son frère Salah El Ouadie mais
renvoie à une explication plutôt génétique.
En effet
dans une lettre poétique récente
émouvante à l’attention de à sa sœur
alors qu’elle était hospitalisée dans un état très grave et publiée dans un journal marocain sur un site internet en arabe le 28/09/2012 ; Assia… ce corps frêle qui aplatit
les montagnes. son frère Salah lui rappelle qu’a dix ans elle rentrait à la maison pour chercher
des chaussures pour une petite qui greloter de froid trouvé sur le
chemin de l’école : qu’a six ans dans un hammam, elle a crié au visage d’une
femme qui molestait durement sa « petite bonne »ce qui lui a
valu le foudre de cette dame et qu’enfin plus récemment dans une prison elle n’a
pas hésité à envoyer balader un élu
local lequel est venu en commission et à des fins
électorales apporter des effets aux
prisonniers et en faisait trop.
J’invite
les lecteurs arabophones d’Agora à lire cette lettre écrite avec des larmes ;
elle est d’une intensité et d’une beauté inouïes. Mais l’explication de
l’altruisme de Mama Assia est plutôt d’ordre génétique.
S’agissant du père Mohamed Wadii Al Assafi
poéte et grand militant mort en 2004 à l’âge de 81 ans ; il a connu la prison pendant le protectorat mais
aussi après l’indépendance du Maroc. Pendant le protectorat emprisonné
plusieurs fois à cause de sa lutte pour l’indépendance du Maroc et ce en
1944 ( présentation du manifeste de l’Indépendance).En
1951 il est de nouveau emprisonné au
cours des manifestations organisées après l'assassinat du syndicaliste tunisien
Ferhat Hachad, 1953 puis en 1953 à
l’issu de l’exil forcé du roi Mohammed V.
Après
l’indépendance, il créa avec des camarades dont Mehdi Ben Barka, l’USFP(parti
d’opposition) et n’a pas échappé à la
répression qui s’est abattu sur ce parti puisqu’il a été enlevé tenu au secret
et torturé pendant l’année1973.
« Je
garderai de lui ce mélange entre une extrême tristesse et cet esprit de
l'humour. Je garderai de lui sa poésie. Une poésie qu'était toute sa vie, faite
de grandes souffrances, mais aussi d'un grand et éternel espoir ».« Des valeurs
qu'il m'a transmises, je garderai celle de la citoyenneté, dan son sens le plus
large, et de l'amour de la patrie. Celle de remplir d'abord ses obligations
avant de revendiquer un quelconque droit. Celle de l'effort désintéressé ». Le
tout avec la transcendance de tout conflit d'ordre personnel. Il défendait des
valeurs et non pas des intérêts. « Il était d'un désintéressement qui allait
jusqu'à s'approcher du mysticisme. Elle m'a appris l'amour de la vie, de la
musique, du partage et du don de soi. Et je sais que je ne suis pas la seule à
avoir été son élève ».
Il y a
aussi la mère de Mama Assia Touria à l’âge de dix-sept ans elle est aux coté de
son mari militant pour la liberté et l’indépendance du Maroc. Celui- ci est
poursuivi et poursuivi par les autorités
coloniales et mis en prison. La lutte de son mari va devenir la sienne ce qui
l’amena au soutien des familles des détenus politiques,
manifestations, aide aux cellules secrètes de la résistance.
A l’indépendance elle fera donc partie, c’est tout naturellement de la
première délégation des femmes patriotes marocaines reçues par le roi Mohammed
V. Après l’indépendance les années
d’espoir mais les désillusions l’amènera encore une fois vert la lutte.En 1973 elle verra la disparition de son mari. Elle fera le tour du Maroc pour le retrouver trouver sa trace. Or M Assafi sera tenu au secret, torturé pendant une année. Ensuite le sort n’a pas épargné cette femme avec l’arrestation de ses trois enfants Asma, Salah et Aziz en novembre 1974. C’est bien elle qui répondit au désarroi de son plus jeune fils (18 ans alors !) au moment d’être conduit par quatre agents des services de répression, vers l’inconnu : “Ce chemin tu l’as voulu et j’en suis fière… sache que seule la mort saura m’empêcher d’être solidaire avec toi jusqu’au bout du chemin…”
C’étaient ce qui est convenu les années de plomb au Maroc. Des militants sont kidnappés torturées Commence alors un énième voyage à travers les centres de torture, les tribunaux et les prisons. La lutte de cette génération de militants à l’intérieur des prisons, contre les conditions qui leur sont faites, sera l’occasion d’une épopée solidaire féminine inégalée dans l’histoire du Maroc. Les mères, les sœurs et les femmes des détenus inventent de nouvelles formes de lutte, affrontent frontalement l’appareil répressif, parviennent à alerter et obtenir la sympathie de l’opinion publique marocaine et étrangère. Les militants ne sont plus isolés dans leur prison ; leurs revendications sont entendues. Pour la première fois au Maroc, le statut de détenu politique est reconnu !
En dépit de cela cette femme continue à militer au sein de l’USFP parti d’opposition à la création du quel a participé son mari et c participas à la création de sa section féminine et c’est en février 1992 qu’elle s’est atteinte.
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