Dans une
lettre ouverte publiée sur son blogue à Mediapart et reprise sur les
quotidiens algériens Al Watan et le Matindz, Hocine Malti, consultant pétrolier,
ancien vice-président de Sonatrach, auteur de l' "Histoire secrète du
pétrole algérien", paru chez la Découverte nous apprend que l’Algérie est
dirigée par un Dieu vivant autoproclamé et qui n’est autre que Mohamed Lamine
Mediène patron du Département renseignement et sécurité (DRS).
En effet
Hocine Malti écrit « Cette fois-ci, ce n’est pas à vos collaborateurs
enquêteurs que je m’adresse, mais à vous, patron depuis septembre 1990 du tout
puissant DRS (Département du renseignement et de la sécurité), Rab Dzayer,
le "dieu de l’Algérie". N’est-ce pas ainsi que vous vous êtes
présenté un jour de 1999, dans les circonstances que vous savez ? Selon
l’adage populaire, "mieux vaut s’adresser au Bon Dieu qu’à ses
saints" ; ce que je fais aujourd’hui. Vu que vous êtes en mesure
de décider et d’imposer ce que bon vous semble à toute l’Algérie, à tous ses
hommes et ses femmes et notamment à toutes ses autorités civiles, militaires,
politiques et juridiques.... »
Cette lettre
se termine par ce paragraphe.« Alors vous, Rab Dzayer,(Dieu d’Algérie)
êtes-vous disposé aujourd’hui à effacer ces tâches infamantes qui salissent
l’image du pays ? Les dieux peuvent tout faire. Vous en avez-vous-même
donné la preuve en d’innombrables occasions. Saurez-vous pour une fois mettre
le holà à ce genre de comportement ? Serez-vous plus perspicace, plus
efficace que les Italiens qui annoncent 200 millions d’euros de
pots-de-vin ?.. ».
Mais
s’agit-il des élucubrations de ce Monsieur Hocine Malti ou véritablement le patron du DRS
algérien dispose effectivement de tous les pouvoirs dans ce pays ? La
réponse nous est donnée par un article publié par le journaliste
algérien Lounès sur Agoravox en 2007.
Cet article
nous apprend que :
"1/
Aucune candidature à une élection ni aucune nomination à un poste de
haut-fonctionnaire ne se fait sans l’aval du DRS.
2/ Derrière
chaque ministre, il y a un colonel du DRS qui contrôle tout, du recrutement
d’une femme de ménage à la signature du contrat le plus sophistiqué. Il passe
beaucoup de temps dans les bureaux du ministre et des hauts responsables pour
s’informer, les intimider et les inhiber.
3/ Dans
chaque wilaya, il y a un colonel du DRS qui contrôle le wali, les daïras et
toutes les assemblées élues. Un autre colonel de la DCSA contrôle les
militaires et les gendarmes.
4/ Dans
chaque banque et entreprise publiques, il y a un officier du DRS qui contrôle
tout, en particulier les comités de crédit, les signatures et les commissions
sur les contrats.
5/ Dans
toutes les ambassades, l’attaché militaire et les officiers, nommés par le DRS
ont écrasé les diplomates et étouffé la voix de l’Algérie.
6/ Le parti
du RND a été créé par le DRS, dirigé par des agents du DRS pour trafiquer les
élections et semer la confusion et la zizanie entre les partis politiques.
7/ Le parti
du FLN a été mis sous la coupe du DRS qui nomme et dégomme ses dirigeants, au
gré de ses choix politiques.
8/ Le
syndicat UGTA est sous le contrôle total du DRS qui a corrompu ses dirigeants.
9/ Toutes
les élections sont contrôlées et trafiquées par le DRS. Toutes les candidatures
aux élections sont filtrées par le DRS.
10/ Tous les
partis d’opposition sont déstabilisés par les infiltrations et les
manipulations du DRS.
11/ Toutes
les organisations patronales sont sous la coupe du DRS pour protéger les
intérêts de ses nombreux agents reconvertis dans les affaires.
12/ Tous les
médias (télé, radio, presse écrite, internet) sont contrôlés par le DRS qui
s’oppose à la création de télés et radios privés et élimine les journalistes
libres.
13/ Tous les
tribunaux et Cours de justice sont contrôlés par des officiers du DRS qui
intimident et menacent les magistrats".
Si cela est
vrai, c’est on ne peut plus clair ; un dieu vivant autoproclamé dirige ce
pays qui a pourtant un président élu. Il y a donc bien un pouvoir bicéphale à
la tête de l’état algérien. Mais apparemment le dernier mot revient au patron
du DRS. Cette situation explique l’opacité du pouvoir algérien que les
chancelleries diplomatiques n’arrivent pas à percer. Elle explique
aussi l’état de suspicion dans lequel vit la société algérienne objet de cet
article du Matindz (algérien) « Il est du DRS » ou les chuchoteurs du régime.
Il n’est
donc pas étonnant que ce pays -le plus riche des pays du Maghreb grâce aux hydrocarbures- tourne en
rond et n’arrive pas à mettre en place une économie moderne poussant l’un de
ses journalistes à un cri de désespoir Pleure O mon pays bien aimé.
Ce
cri de désespoir reflète d’abord le martyre enduré par ce peuple noble qui a
tant donné. N’est ce pas l’Algérie qui a tant souffert, d’abord à travers la
colonisation qui a fait de ce pays un département français alors que les deux
autres pays du Maghreb (Maroc, Tunisie) n’étaient que sous protectorat.
Le fait colonial a réduit ses habitants autochtones à des
« citoyens » français « indigènes » de second ordre et a
essayé de gommer l’identité arabo-amazighe et musulmane de sa population. Alors
que l’indépendance n’a été acquise qu’en payant un lourd tribu (des centaines
de milliers de morts), dans les années 90, la décennie noire comme l’appellent
les algériens de lutte contre le terrorisme islamique s’est soldée par 100 000
à 200 000 morts.
Après ce
lourd tribu, le pays était en droit d’espérer une mobilisation des énergies
faisant de la manne pétrolière qui se tarit une
opportunité de bâtir une économie moderne et diversifiée. Alors que l’Algérie est le premier pays producteur qui risque de
devenir un pays importateur de pétrole, le pays s’est renfermé sur
lui-même. Des économistes surtout algériens ne cessent pointer du doigt cette
sorte « d’autarcie » dans laquelle évolue l’économie algérienne et
qui n’est plus compatible avec la mondialisation.
Mais pour
libérer les énergies, moderniser le pays et lutter contre les maux qui gangrènent la société
et à leur tète la corruption, il faut mettre fin au bicéphalisme (qui fait
diluer les responsabilités) à la tête de l’état, donner à la fonction
présidentielle toute sa signification. Autrement, ce pays restera comme il
est et lorsque la manne pétrolière sera tarie, il constituera un danger
pour lui-même et pour ses voisins. Car comment peut-il continuer à importer les
deux tiers de ses besoins alors que les 98% de ses exportations constituées par
les hydrocarbures auraient disparues ?
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