Le relais de ces jugements sur le Roi du Maroc était représenté dans le pays par le « Journal hebdomadaire » qui titrait presque chaque semaine sur le Roi « son affairisme » donc son désintérêt pour sa charge. Avec la disparition de cet hebdomadaire, certains de ses journalistes continuent leur croisade contre la monarchie. C’est le cas notamment des journalistes Ali Amar et de Zineb El Rhazoui qui remplissent les pages concernant le Maroc sur Slate Afrique toujours avec la même hargne. Deux autres journalistes Aboubakr Jamai , Ahmed Rida Benchemsi devenus « chercheurs » à l’Université de Stanford aux USA où officie le cousin mais opposant au Roi, le prince Moulay Hicham. Le titre de chercheur à Stanford leur a offert les colonnes du Monde et de certains journaux anglo-saxons .Pour être exhaustif il faut signaler aussi le journaliste Ali Lamrabet .
Ces journalistes de talent il faut le préciser n’ont jamais esquissé le moindre bilan du règne de MohamedVI que des articles à charge qui inspirent largement la presse et les sites d’information de l’hexagone et en partie la presse espagnole. Avec le printemps arabe ces journalistes ont pris faits et causes pour le mouvement de contestation du 20 février. Affirmant notamment que les réformes initiées par le Roi ne sont que des reformes en trompe l’œil. Avec les déboires du mouvement du 20 février, c’est le pays et ses élites qui sont parfois insultés « le pays où la schizophrénie est reine ». Le pays qui n’est qu’ « un terrain de chasse pour les pédotouristes ».
Cette cabale contre le Roi a été ponctuée par le récent livre Catherine Graciet et Eric Laurent « Le Roi Prédateur ». Pour les rédacteurs du livre, Mohammed VI« n'a aucun intérêt pour la chose publique et pas la moindre fibre politique. Seules comptent les affaires ». Aucun bilan n’est fait sur les années de règne du Roi. Or il est évident que l’on ne peut parler du dirigeant d’un pays sans parler essentiellement de son bilan et réalisations et non pas sur la sympathie qu’il vous inspire ou de sa fortune. Est –il donc vrai que le Roi ne s’occupe que de sa fortune ?
Ceux qui connaissent le pays savent que Mohammed VI a transformé le Maroc en un vaste chantier, parcourant quotidiennement le pays de long et en large, initiant des projets de développement, en assurant personnellement le suivi et l’exécution : infrastructures, énergies renouvelables assainissement et réhabilitations urbaines et a mené dès le début de son règne une lutte contre la corruption et le trafic de drogue.
Le pays a recouvré ses capacités d’investissement perdu dans les années 80 et 90.Plus de deux millions de marocains ont été tiré du seuil de pauvreté. Ayant le PIB par habitant le plus bas du Maghreb, le SMIC le plus haut et ses cadres sont les mieux payés. Le taux d’analphabétissme qui était de plus de 50% au moment de l’accession de Mohamed V au trône est passé à 30% pour être ramené à 20% en 2016 et être éradiqué dans les années 2020. La Lutte contre la pauvreté et la consécration des droits de la femme avec le nouveau code de la famille « Moudawana ». Cette réforme voulue et imposée par le Roi aurait pu être beaucoup plus audacieuse sans les réticences de certains milieux conservateurs notamment islamistes.
La réconciliation des marocains avec leur passé récent avec l’Instance Equité et Réconciliation. La couverture médicale est en phase d’être réalisée pour tous. A l’accession au trône du roi, le pays comptait 300 km d’autoroute, 1400 km actuellement couvrent les principales villes du pays et 1800 km en 2015 en desservant le pays du nord au sud, d’est en ouest. Les plans d’électrification et d’adduction en eau potable sont passés de 50% à plus de 90% actuellement. Ces chiffres sont facilement vérifiables sur le net. Le pays est doté d’un cape et d’une vision 2020 et de plans sectoriels en cours de réalisation dans les infrastructures, l’industrie, l’agriculture, l’énergie avec le plan solaire et le tourisme.
Sur le plan politique les reformes constitutionnelles initiés par le Roi qui étaient regardés avec scepticisme et présentées de manière caricaturale comme des réformes en trompe l’œil sont des avancées notables sur le chemin de la démocratisation du pays.
A cet effet, je rappelle ci-après les avancées de la nouvelle constitution dont j’a i déjà fait état dans un précédent article sur Agora.
La constitution de 1996 approuvée sous le règne d’Hassan II consacrait une sorte de monarchie exécutive dont l’essentiel du pouvoir était aux mains du Roi. De ce fait le premier ministre disposait de pouvoirs limités. Ainsi le Roi pouvait nommer un premier ministre (sans obligation de tenir compte des résultats des élections législatives comme cela a été le cas après les élections de 2002 ) et les ministres sur la proposition de ce dernier et mettre fin à leurs fonctions (article24). Il présidait le conseil des ministres (article 25) auquel étaient soumis les projets de loi (article 60).Le gouvernement (élu) était responsable devant le parlement mais aussi devant le Roi (article 60) dont la personnalité est sacrée (article 23).Le Roi nommait aux emplois civils et militaires (article 30) sans l’obligation d’en référer au premier ministre. Le premier ministre ne faisait qu’assurer la « coordination des activités ministérielles » (article56) ; il disposait d’après la constitution du pouvoir réglementaire mais les décrets (instrument de ce pouvoir) étaient pris en conseil des ministres présidé par le Roi et ses actes étaient obligatoirement contresignés par les ministres concernés (article 63).
La nouvelle constitution institue un chef de gouvernement qui doit être nommé « au sein du parti politique arrivé en tête des élections des membres de la Chambre des Représentants (article 49).Il n’est plus « responsable » devant le Roi. Il dirige un gouvernement dont les attributions sont explicitées (article 92) à savoir entre autres l’examen des projets de loi et des décrets qui ne sont plus soumis au conseil des ministres présidé par le Roi (article 92). Ce dernier conseil se consacre essentiellement aux orientations générales de la politique de l’état et à des délibérations concernant les réformes et les lois constitutionnelles essentiellement (article 49).Le chef du gouvernement peut faire dissoudre la chambre des représentant et nomme aux hautes fonctions civiles et pour des fonctions sécuritaires sensibles, il propose des nominations en conseil des ministres.
Ces attributions qui n’existaient dans la constitution de 1996 permettent au chef du gouvernement élu, de remplir ses fonctions, d’engager la responsabilité de son gouvernement devant la chambre des représentants seule habilitée par une motion de censure à faire tomber le gouvernement. Ce pouvoir était exercé aussi dans l’ancienne constitution par la chambre des conseillers élue au suffrage indirect ce qui était une aberration. Le Roi pouvait aussi mettre « fin aux fonctions du gouvernement à son initiative » (article 24). Cette disposition disparait dans la nouvelle constitution.
Par ailleurs la personne du Roi n’est plus sacrée comme dans l’ancienne constitution mais elle reste « inviolable et doit être respectée ». C’est la terminologie utilisée par la constitution espagnole.Le champ religieux islamique est défini avec précision. La seule autorité habilitée à prononcer « des fatwas est le conseil des Oulémas présidé par le Roi » (artcle41). De ce fait et du statut de Amir Al Mouminine (Commandeur des Croyants) du Roi, toute dérive ou surenchère islamiste est exclue. Le chef du gouvernement n’a de part la constitution, aucune attribution en matière religieuse. Il ne peut pas non plus intervenir en matière « de droit de la famille et de l’état civil » qui sont du domaine du conseil des ministres présidé par le Roi (article 49). Il doit se consacrer exclusivement au développement économique et social du pays pour le quel il est élu.
Il faut néanmoins signaler que des insuffisances
subsistent. Je ne vais pas en faire un état exhaustif mais citer
les plus importantes à mon sens et qui concernent, la justice,
l’enseignement, la corruption mais surtout les maux dont
souffre le monde politique. La résorption de ces insuffisances conditionne
à mon sens l’atténuation ou la disparition de toutes les autres,
notamment les précarités dont souffrent de larges couches de la population
du pays.
Concernant la justice, des lacunes dénoncées par le
Roi lui-même continuent d’entacher le système judiciaire. Comme le
relevait le nouveau ministre marocain de la Justice, Mustafa Ramid, en avril
dernier, plus de 4000 cas de corruption impliquant des juges, magistrats ou
autres corps de la magistrature ont été présentés devant les tribunaux
marocains en 2011. Il a qualifié la situation « d’alarmante ». Le
ministre affilié au parti islamiste du PJD a rappelé que « le Conseil
Supérieur de la Magistrature (CSM) a suspendu huit juges pour affaires de
corruption, prononcé des sanctions à l'encontre de 44 magistrats et averti 650
membres du corps de la magistrature » l’an dernier. Ceci alors même
que l’article 92 de la nouvelle Constitution
stipule que « les magistrats sont indépendants dans l’exercice de
leur fonction, [et qu’] ils ne peuvent recevoir d’ordres, instructions,
directives, recommandations ou suggestions concernant l’exercice de leur
pouvoir juridictionnel. »
La Haute instance du dialogue national sur la réforme de la justice, mise
en place récemment arrivera-elle à mettre l’appareil judiciaire sur les
rails ?
Il faut l’espérer, car sans reforme
judicaire, tout le travail législatif accompli ces dernières années ne peut
être concrétisé sur le terrain. Il s’agit entre autres, du droit des
affaires et du travail , des garanties judiciaires, de la criminalisation de la
torture, de l’interdiction de travail des enfants, de l’élargissement des
champs des libertés. Cette reforme constituera en outre, le seul rempart
contre les cas d’injustice et d’abus de pouvoir.
Pour l’enseignement ; en dépit des sommes importantes consacrés
à ce secteur qui engloutit prés 25% des dépenses budgétaires, les
résultats sont décevant : échec scolaire élevé, le système ne permet pas
de scolariser l’ensemble des enfants en âge de l’être ; (10%) d’après le
chiffres officiels restent sur le carreau. En outre, le taux
d’analphabétisation (30 à 40%) plombe le développement humain et économique du
pays. Le pays qui accumule réforme sur réforme est toujours à la recherche
du modèle qui lui permettra de rattraper le retard et d’assurer un
enseignement de qualité. Le Roi convient dans son dernier discours du 20
aout dernier qu’il
est donc impératif de se pencher avec sérieux et résolution sur ce système que
nous plaçons, d'ailleurs, en tête de nos priorités nationales. En dépit de la lutte contre la corruption, ce fléau continue de sévir. La corruption dénoncée quotidiennement par la presse marocaine constitue un frein au développement économique et social du pays et à l’état de droit. Certes, un organisme sensé « prévenir la corruption » a été mis en place par le Roi ces dernières années ; l’ICPC l’Instance Centrale de Prévention de la Corruption. Mais ce dernier au lieu d’être une administration de mission avec des structures légères et efficientes est devenu une sorte « d’usine à gaz » avec une organisation administrative lourde plus capable de rédiger des rapports, d’organiser des réunions et de participer à des conférences internationales que de proposer des actions concrètes sur le terrain. Or le travail de fond à engager est d’abord de simplifier les procédures administratives et de les rendre plus transparentes, de codifier les interventions des agents publics et surtout d éliminer autant que possible l’intervention humaine dans certaines situations pouvant donner lieu à corruption d’agents telles l’installation des radars automatiques sur les routes et autoroutes notamment.
Il n’y a pas de démocratie sans démocrates, c’est
bien connu. Les reformes constitutionnelles ne vont permettre au pays de
sauter le pas vers une véritable monarchie parlementaire que si le personnel
politique fait sa mue. Car le bilan de la gestion notamment des
communes et des villes par les partis politiques est désastreux à de rares
exceptions. En effet les rapports de la Cour des Comptes et ceux de
l’inspection territoriale du ministère de l’intérieur ont montré sous
de mauvais jours, des conseillers communaux alliant
l’incompétence, la mauvaise gestion à la corruption. La presse marocaine a
rapporté dans le détail des affaires de corruption ainsi que toutes sortes de
marchandages à l’occasion des élections communales. Cet état de choses du à la cupidité
des conseillers a été rendu possible par le fait que les partis
politiques ne sont pas très regardant sur leurs candidats.
D’ailleurs, une fois élus, ces candidats ne sont
plus encadrés par les partis politiques et ne rendent aucun compte à ces mêmes
partis. L’exemple le plus caricatural est le conseil préfectoral de
Casablanca qui ne se réunit presque plus. La première ville du
pays est
prise en otage par des querelles de clochers entre politiciens .Lors des
inondations que connaissent des régions du pays de temps à
autre, les élus locaux brillent par leur absence. Cette absence s’est
illustrée de manière flagrante aux yeux des marocains lors du
tremblement de terre de la ville d’Al Hoceima et sa
région en 2004 et qui a fait plus 700 morts et des milliers
de sans abris.
Jusqu'à présent le Roi se « substitue »
à des élus communaux pour sillonner de pays en long et en large et à longueur
d’année visitant les moindres recoins pour faire élaborer des projets, les
mettre en chantier et en suivre l’exécution (réhabilitation urbaine, lutte
contre la précarité et l’habitat insalubre, assainissement
etc..). Faire en sorte que le travail pour lequel des conseillers
communaux sont élus soit fait. Si des villes et des communes urbaines et
rurales sont en chantiers actuellement et si le paysage urbain de
nombreuses agglomérations marocaines a changé, ce n’est certainement pas du fait
des élus locaux. Le meilleur exemple est le développement au pas de
charge des
régions du Nord et de l’Oriental du Maroc.
Les retransmissions par la télévision des débats
parlementaires achèvent d’assombrir ce tableau avec un
hémicycle clairsemé donnant une piètre image sur le sens
de responsabilité des élus de la nation. La plupart assistent certes
à la rentrée parlementaire présidée par le Roi mais disparaissent après. Aux
affaires
de corruption révélées dans les communes s’ajoute
l’incompétence de beaucoup de ministres issus de ces mêmes partis qui se
sont succédé sur différents départements essentiels comme la santé
et l’enseignement et n’ont rien apporté.
Enfin, la longévité de certains hommes politiques
(trente ans, quarante voire cinquante ans et plus de politique) a fini par
lasser les électeurs et jeter le discrédit sur la classe politique.
En sera –t-il de même pour le nouveau gouvernement conduit
par les islamistes du PJD qui ont en plus pour défis, la crise économique
et la mise en place des dispositions de la nouvelle constitution ?
Il est trop tôt pour le dire
NB: j'avais publié cet article en deux parties sur Agoravox.
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