Salah El Ouadie poéte connu mais militant pour la démocratie, l'état de droit, et les droits de l'homme et ami, tres ancien ami puisque cette amitié remonte aux bancs du collège et du lycée, vient de publier ses mémoires sous le titre de Mimosa avec un sous titre évocateur et poétique de"... rescapé.du 20 éme siècle".
En réalité, il ne s'agit pas seulement de mémoires ou d'une autobiographie mais surtout d'un rappel d'évènements qui ont jalonné l'histoire récente de notre pays depuis les années 60 et auquel a assisté ou participé Salah Ouadie et sa famille.
Cela commence par les années de l'enfance et l'ouverture à la vie dans une famille de militants politiques. Ensuite une adolescence qui a conduit le jeune Salah à choisir la voie révolutionnaire pour lutter contre les injustices et l'arbitraire. C'était les fameux années de plomb et il a en fait les frais comme beaucoup de militants et de révolutionnaires. Les pages narrées sur les années passées dans des lieux de détention sinistres où la torturé était monnaie courante sont véritablement insoutenables.
La deuxième partie du livre nous fait plonger dans l'engagement politique de Salah El Ouadie après sa sortie de prison. C'était d'abord le militantisme associatif pour faire éclore la vérité sur les années de plomb mais ensuite le travail réalisé au sein de la Commission Équité et Réconciliation. Les pages qui relatent les travaux de cette commission nous rappellent la qualité du travail réalisé.Des révélations intéressantes ensuite sur le Mouvement Pour tous les Dememocrates dont est issu le parti Authenticité et Modernité avec les derives qui ont été à l'origine de l'éloignement de Salah El Ouadie de ce parti politique.
Mais Salah Al Ouadie ne s'arrête pas à sa propre personne mais nous parle de sa noble famille et quelle famille,. Lire ce qui suit.
S’agissant du père Mohamed Wadii Al Assafi poéte et grand militant mort en 2004 à l’âge de 81 ans ; il a connu la prison pendant le protectorat mais aussi après l’indépendance du Maroc. Emprisonné plusieurs fois à cause de sa lutte pour l’indépendance du Maroc et ce en 1944 (Présentation du manifeste de l’Indépendance). Il a été emprisonné de nouveau en 1951 au cours des manifestations organisées après l'assassinat du syndicaliste tunisien Ferhat Hachad, 1953 puis en 1953 à l’issu de l’exil forcé du roi Mohammed V.
Après l’indépendance, il créa avec des camarades dont Mehdi Ben Barka, l’UNFP (parti d’opposition) et n’a pas échappé à la répression qui s’est abattu sur ce parti puisqu’il a été enlevé, tenu au secret et torturé en 1973. « Je garderai de lui ce mélange entre une extrême tristesse et cet esprit de l'humour. Je garderai de lui sa poésie. Une poésie qu'était toute sa vie, faite de grandes souffrances, mais aussi d'un grand et éternel espoir ».« Des valeurs qu'il m'a transmises, je garderai celle de la citoyenneté, dan son sens le plus large, et de l'amour de la patrie. Celle de remplir d'abord ses obligations avant de revendiquer un quelconque droit. Celle de l'effort désintéressé ». Le tout avec la transcendance de tout conflit d'ordre personnel. Il défendait des valeurs et non pas des intérêts. « Il était d'un désintéressement qui allait jusqu'à s'approcher du mysticisme. Elle m'a appris l'amour de la vie, de la musique, du partage et du don de soi. Et je sais que je ne suis pas la seule à avoir été son élève ».
Il y aussi la mére Touraya Saqqat. A l’âge de dix-sept ans elle est aux coté de son mari militant pour la liberté et l’indépendance du Maroc. Lequel a été est poursuivi par les autorités coloniales et mis en prison. C’est alors que la lutte de son mari devient la sienne ce qui l’amena au soutien des familles des détenus politiques, manifestations, aide aux cellules secrètes de la résistance.
A l’indépendance, elle fera donc partie, tout de la première délégation des femmes patriotes marocaines reçues par le roi Mohammed V. Après l’indépendance, les années d’espoir et les désillusions l’amèneront encore une fois vers la lutte.
En 1973 elle sera témoin de la disparition de son mari. Et fera le tour du Maroc pour le retrouver. Le sort n’a pas épargné cette femme par la suite avec l’arrestation de ses trois enfants Asma, Salah et Aziz en novembre 1974. C’est bien elle qui répondit au dé7sarroi de son plus jeune fils (18 ans alors !) au moment d’être conduit par quatre agents des services de répression, vers l’inconnu : “Ce chemin tu l’as voulu et j’en suis fière… sache que seule la mort saura m’empêcher d’être solidaire avec toi jusqu’au bout du chemin…”
C’étaient ce qui était convenu pendant les années de plomb au Maroc. Des militants sont kidnappés torturées Commence alors un énième voyage à travers les centres de torture, les tribunaux et les prisons. La lutte de cette génération de militants à l’intérieur des prisons, contre les conditions qui leur sont faites, sera l’occasion d’une épopée solidaire féminine inégalée dans l’histoire du Maroc. Les mères, les sœurs et les femmes des détenus inventent de nouvelles formes de lutte, affrontent frontalement l’appareil répressif, parviennent à alerter et obtenir la sympathie de l’opinion publique marocaine et étrangère. Les militants ne sont plus isolés dans leur prison ; leurs revendications sont entendues. Pour la première fois au Maroc, le statut de détenu politique est reconnu !
En dépit de cela cette femme continua à militer au sein de l’USFP, et participa à la création de sa section féminine avant son décès en 1992.
Il y a aussi sa sœur Assia ou Mama Assia
Elle a crée et présidé l'Association Mama Assia des amis des centres de réforme et était également membre de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus (présidée par le Roi)et a milité pour la création de centres de formation professionnelles. Bravant souvent le protocole qui organise ces visites elle n’hésitait pas à présenter au Roi des détenus qui ont réussi à des diplômes universitaires ou professionnelles lors de ses visites.
Elle était en outre cofondatrice, en 1999, de l'Observatoire des prisons, membre de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme, du Conseil consultatif des droits de l'Homme, de l'Association du centre d'écoute et d'orientation pour femmes battues. Elle était sur beaucoup de fronts, avec une conviction jamais exempte de chaleur humaine, de compassion et d’engagement sans être jamais grisé par le pouvoir.
En effet dans une lettre poétique récente émouvante à l’attention de sa sœur alors qu’elle était hospitalisée dans un état très grave et publiée dans un journal marocain et sur un site internet en arabe le 28/09/2012 ; Assia… ce corps frêle qui aplatit les montagnes. son frère Salah lui rappelle qu’a dix ans elle rentrait à la maison pour chercher des chaussures pour une petite qui grelotait de froid sur le chemin de l’école : qu’a six ans dans un hammam, elle a crié au visage d’une femme qui molestait durement sa « petite bonne »ce qui lui a valu le foudre de cette dame et qu’enfin plus récemment dans une prison elle n’a pas hésité à envoyer balader un élu local lequel est venu en commission et à des fins électorales apporter des effets aux prisonniers et en faisait trop.
Il y a aussi la sœur Assia ou Mama Assia.
Assia El Ouadie mère de 2 enfants était magistrate au parquet du tribunal de première instance de Casablanca entre 1971 et 1980. Après une formation de perfectionnement à l'Ecole nationale de la Magistrature à Paris (1980-1981), elle avait intégré le barreau de Settat (1981-1984) et rejoint ensuite celui de Casablanca jusqu'à 2000, date à laquelle elle avait réintégré la magistrature au sein de l'Administration pénitentiaire où elle s'occupait des Centres de réforme et rééducation pour jeunes mineurs.