Dans son
ouvrage «La Renaicendre ou mémoires d’une Juive marocaine et patriote» passé
presque inaperçu dans la presse de l’hexagone Nicole Elgrissy raconte comment Marocaine, juive
de confession, elle a refusé l'exode et
préféré continuer de vivre au Maroc. Elle explique de ce fait la
relation particulière, fruit d’une histoire séculaire qu’entretiennent les juifs
marocains avec leur pays.
"Elle raconte l'absurdité de ce départ avec un humour
décapant. Un chapitre est consacré aux nostalgiques qui viennent faire le
pèlerinage des saints juifs enterrés au Maroc. « Armand, un de ses deux
frères, a émigré, plusieurs membres de sa grande famille aussi, mais pas elle.
On leur avait promis monts et merveilles, ce ne furent que « des illusions perdues
. Armand n’en peut plus de la méprise et du racisme des ashkénazes d’Israël. Un
jour, il plie bagage et retourne au bercail. La déception est grande parmi la
communauté marocaine qui a choisi l’exode. Baba Sholmo, l’oncle de l’auteur, un
prospère négociant dans la boucherie casher au marché de Bab Marrakech, finit
vendeur de menthe en Terre promise, et sa femme, Itto, devient vendeuse à la
criée de crêpes marocaines, « msemmen ».
Le Royaume
continue, des années après cet exode, d’«aimanter» les juifs du Maroc,
éparpillés aux quatre coins du globe. L’auteur consacre un chapitre à ces «
revenants», ces nostalgiques qui viennent faire le pèlerinage des saints juifs
enterrés au Maroc. « J’ai quelquefois, raconte l’auteur, rencontré des guides
touristiques musulmans qui avaient appris l’hébreu pour mieux accompagner les
tour-opérateurs israéliens... Grand moment que celui de voir un musulman
marocain parler en hébreu avec un Israélien, né au Maroc. L’un parlant l’arabe
dialectal, l’autre lui répondant en judéo-marocain». Les 334 pages du livre de
Nicole grouillent d’anecdotes, d’histoires vraies de juifs ayant quitté leur
pays d’origine, ou ayant refusé de l’abandonner, racontées d’une plume où
l’humour et le sarcasme côtoient une amertume profonde. »
En réalité à travers ce livre Mme Laghrissi n’a fait
que perpétuer une tradition de l’attachement des juifs marocains à leur terre d’origine
le Maroc. Dans un ouvrage édité en 2009 et intitulé « Les juifs du
Maroc-Pérennité islamo-hébraïque millénaire » le Professeur Abdelaziz
Benabdallâh grand spécialiste de la civilisation arabo-musulmane éclaire la vie
séculaire des juifs au Maroc. L’auteur s’est basé sur des faits
historiques, et des manuscrits dans lesquels des juifs marocains racontent leur
vie en terre d’Islam. Ouvrage historique de référence cette étude est articulée
autour des titres suivants : notre patrimoine abrahamique commun ; l’Islam
et le statut des juifs ; témoignage et attestations israélites ; de
l’Andalousie au Maroc ; le dhimmisme, norme constitutionnelle de l’Islam
traditions et cultures juives , cohabitation maroco-juive millénaire à
Jérusalem ; tentatives de christianisation
des juifs au Maroc ; Maimonide le grand philosophe juif.
Reconnaissant cet état de fait, la dernière
constitution marocaine de 2011 n’a pas hésité dans son préambule à mentionner
que l’unité du pays s’est entre autres «..enrichie
de son affluent hébraique… » faisant de ce fait de la composante juive une
partie de l'identité nationale marocaine. Ce qui avait expliqué l’opposition du Roi
MohammedV (et alors que le pays était
sous le régime du protectorat ) à l’application des mesures racistes anti
juives du Régime de Vichy au juifs marocains. Sur le plan de l’application du
droit le Maroc est le seul pays dans le monde arabo-musulman où des tribunaux
accueillent des chambres où siègent des juges rabbins, qui statuent selon les
lois fondamentales juives dans les questions familiales les marocains de
confession juive concernant (mariages, divorce, héritage).
C’est pourquoi, des personnalités et intellectuels juifs
au même titre que leurs coreligionnaires marocains se sont toujours opposés à
la politique d’Israël contre les palestinien et ont milité pour les droits des
palestiniens. Le plus célèbre d’entre eux, M André Azoulay juif marocain et
conseiller du Roi n’a pas hésité à déclarer récemment à un journal israélien. «
Comment est-ce que je peux être juif tant que le peuple palestinien n’a pas
retrouvé sa liberté » http://www.lemondejuif.info/2016/11/le-conseiller-du-roi-du-maroc-comment-est-ce-que-je-peux-etre-juif-tant-que-le-peuple-palestinien-na-pas-retrouve-sa-liberte/
Des intellectuels et militants juifs marocains se
sont toujours solidarisé avec leurs compatriotes de confession musulmane et ont
lutté avec acharnement contre l’expansionnisme israélien : Abraham Serfati
Sion Assidon Edmond Amran El Maleh pour ne citer que les plus connus ont meublé
la vie politique et littéraire marocaine en arabe et en Français. Et alors que la plupart de ceux de l’hexagone ont
observé une neutralité bienveillante à l’égard d’Israél en 2006 lors des exactions commis par l’armée israélienne,
ces intellectuels n’ont pas hésité à
lancer un appel à « tous ceux qui ont le privilège de se déclarer Juifs marocains
ou Marocains juifs à dire clairement leur indignation et leur souffrance devant
les crimes commis par Israël au Liban et en Palestine » et d’ajouter «ici dans notre pays et à travers le monde à
dire clairement leur indignation et leur souffrance d'hommes et de femmes
devant les crimes qui sont commis au nom de la sécurité d'Israël».
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