Le 10 décembre 2013,
les dirigeants du monde ou leurs représentants ont rendu hommage au stade de Soweto
accompagné Nelson Mandela vers sa
dernière demeure. Jamais personne n’a reçu un tel hommage. C’est un moment
unique dans l’histoire du monde.
Depuis l’annonce de sa mort, il n’est pas un seul gouvernant
qui n’a pas salué la disparition de Nelson Mandela, dont le parcours restera à
jamais associé à la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. Ce sont les résultats
qu’il a obtenus qui le mettent à part.
Pendant le siècle dernier, de nombreux pays se sont libérés de la colonisation
ou de régimes dictatoriaux mais peu ont
cependant réussi à le faire en évitant la lutte armée et ses lots de bains de sangs. Or c’est une relative
harmonie qu’a entraînée l’intervention de Nelson Mandela et en cela, il peut être aisément être comparé à Gandhi. Il parvint aussi à démentir les pronostics qui faisaient craindre
un effondrement de l’Afrique du sud si
les Noirs en prenaient le pouvoir.
De ce fait, Nelson Mandela a réalisé ce que tous les
humanistes du monde entiers proposent, et que
personne n’arrive à imposer.
C’est pour cela que pour bien honorer sa mémoire, les dirigeants du
monde ne peuvent se contenter de l’admirer,
mais de suivre ses traces. Ces traces sont de trois d’ordre.
-l’engagement pour son pays ;
-le pardon mais avec le souvenir,
- l’exercice du pouvoir.
L’engagement.
C’est Nelson Mondela qui l’énonce le 20 avril 1964 «
J’ai chéri l’idéal d’une société démocratique et libre dans laquelle toutes les
personnes vivraient en harmonie, avec des chances égales. C’est un idéal que
j’espère voir se réaliser. Mais s’il le faut, c’est un idéal pour lequel je
suis prêt à mourir. »
Ce n’est pas par
désespoir que Nelson Mandela ne s’était pas engagé dans la lutte. Il était
avocat et avait une
brillante carrière devant lui. Il a renoncé à cette vie pour se battre, parfois, au péril de sa vie.
Dans son ouvrage autobiographique intitulé «
Un long chemin vers la liberté », Mandela décrit de nombreux périodes où il
aurait pu perdre la vie. Des tirs de policiers racistes dans la foule des
manifestants pacifiques, une bombe qui n’exploser pas, un accident d’avion
évité de justesse au-dessus de l’Ethiopie etc...
Nelson Mandela reçut à Oslo, le 10 octobre 1993, avec
l’ancien président blanc Frederik de Klerk, le Prix Nobel de la Paix. Il
prononça les mots de son idéal et rendit hommage à la mémoire de Martin Luther
King.
« Notre récompense ne se mesurera que par la
paix joyeuse qui triomphera un jour, car l'humanité qui unit les blancs et les
noirs en une seule et même race nous permettra de vivre un jour tels des
enfants du paradis. Ainsi vivrons-nous, car nous aurons créé une société qui
reconnaît que tous les hommes naissent égaux, et que tous ont le droit à la
vie, à la liberté, à la prospérité, aux droits humains et à une bonne
gouvernance. Une telle société n'autorisera plus jamais que certains soient
faits prisonniers à cause de leurs idées. (...)
Le pardon en gardant
le souvenir.
Nelson Mandela a inlassablement prôné la réconciliation et
le pardon. D’abord de sa prison quand il
déclarait que en 1976 que « J’aimerais vous combattre sur le plan des
principes et des idées, sans haine personnelle, de sorte qu’à la fin de la
bataille, et quelle qu’en soit l’issue, je puisse vous serrer la main avec
fierté, parce que j’aurais le sentiment d’avoir eu affaire à un adversaire
digne et droit, qui a observé un code d’honneur et de décence élémentaire. »
Ensuite au Cap en 1996 : « Certains considèrent qu’il vaut
mieux oublier le passé. Certains nous critiquent quand nous disons que nous
pardonnons, mais que nous n’oublions pas. Ils ne sont pas d’accord sur le fait
que les auteurs de violations des droits de l’homme doivent d’abord révéler et
faire connaître celles-ci avant qu’on leur accorde l’amnistie. (…) Les
Sud-Africains de la rue sont déterminés à ce que le passé soit révélé, afin
qu’il ne se répète pas. S’ils exigent cela, ce n’est pas par esprit de vengeance,
mais pour que nous entrions ensemble dans l’avenir. La question pour notre
nation n’est pas de savoir si le passé doit être révélé, mais de faire en sorte
qu’il le soit de façon à promouvoir la réconciliation et la paix. ».
Pour dire Au Cap en 1999 que le pardon ne peut effacer pour lui, il ne peut pas
y avoir de pardon sans souvenir :
Et enfin en 2002 toujours au Cap« Nous nous souvenons de notre
terrible passé afin de pouvoir y faire face, de pardonner quand le pardon est
nécessaire, de nous assurer que jamais plus une telle inhumanité ne nous
déchirera et de nous pousser à éradiquer un héritage qui rôde dangereusement
autour de notre démocratie. »
L’exercice du pouvoir.
Le prisonnier politique le plus célèbre de tous les temps
(27 de captivité) est devenu Président, élu au suffrage universel, le premier
président noir de l’histoire de l’Afrique du Sud (1994-1999).
Il a su, en cinq ans, en un seul mandat, « développer
l’espoir sans jamais le décevoir, développer l’éducation et l’économie, engager
une meilleure répartition des richesses, il a su élever son pays, la Nation
Arc-en-Ciel, où Noirs et Blancs œuvrent ensemble, au rang d’une démocratie
réelle, symbolique du pouvoir des hommes sur leur propre destin. En matière
d’exercice du pouvoir, Nelson Mandela sera, ici aussi un cas exceptionnel. A
priori, un homme qui se sera battu pendant autant d’années pour libérer son
peuple, est supposé rester au pouvoir le plus longtemps possible. »
Elu Président en avril 1994, lors des premières élections
multiraciale du pays, Nelson Mandela n’aura effectivement exercé le pouvoir que
pendant trois ans. A partir de 1996, il laisse à Thabo Mbeki la gestion
quotidienne du pays et, en décembre 1997, Mandela quitte le pouvoir avant la
fin de son seul mandat à la tête du pays. « C’est en luttant de toutes ses
forces contre la pauvreté – et non en l’inst rumentalisant et en l’exploitant
par mille astuces libérales et pseudo-humanitaires, comme beaucoup de tartufes de par le monde savent si bien
le faire –, c’est en luttant contre les inégalités sociales par tous les moyens
politiques dont il disposait, dont il s’emparait, qu’il prenait à bras le
corps, que Nelson Mandela est devenu un être de Lumière dans le ciel toujours
sombre de notre humanité. »
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