Le dernier festival du cinéma marocain de Tanger tenu la
semaine dernière a consacré le triomphe du film du cinéaste marocain Faouzi
Bensaiidi « Volubilis» grand favori de cette édition Ce film parle de
disparités sociales au Maroc, et ce à travers une histoire d’amour entre
l’employée de maison Malila et le vigile Abdelkader. Faouzi Bensaïdi essaie à
travers ce film de de décrire le vécu de ce couple, très pauvre qui vient de
réaliser son seul rêve : celui de se marier. Outre le Grand prix 2018,
«Volubilis» a permis à Faouzi Bensaïdi de décrocher le prix du scénario. Les
deux jeunes artistes Nadia Kounda et Mouhcine Malzi ont réussi, grâce à leur
participation à ce même long-métrage, à remporter respectivement les deux prix
des premiers rôles féminin et masculin.
Or c’est le dernier
film de Nabil Ayouch , Ghazzya dont parlent les médias les médias de l’Hexagone et le
réalisateur invité sur les plateaux télé français car il traite plus des
caricatures véhiculées sur le Maroc et la société marocaine. On y trouve à peu
près de tout : de l’intolérance de la société visa à vis de la femme, une
touche d'antisémitisme alors qu’il n’y a presque plus de juifs dans le pays,
une jeunesse livrée elle-même sans profondeur dans les descriptions, une grogne
sociale dont il décrit les manifestations de manière grossière et surtout pour
l’essentiel du film une description de la femme essentiellement comme femme
objet avant tout. Nabil Ayouch confirme donc dans ce film après le dernier que
la femme marocaine pour lui est d’abord une femme objet. Et c’est cet aspect
que je vais essayer d’aborder dans cet article.
Ainsi la femme
marocaine décrite par Nabil Ayouch rentre dans le moule des caricatures
véhiculées sur notre pays comme je l’ai annoncé. La présentation de la femme
marocaine dans les films de Ayouch est encore une sorte d’insulte à cette femme. N’en déplaise à M Ayouch, la femme marocaine
n’est pas exclusivement un objet sexuel, aguicheuse ou prostituée. C’est un
membre à part entière de la société : médecin, juge, avocate, enseignante,
dirigeant d’entreprise, cadre ou ingénieur technicienne ou ouvrière mais aussi
la femme qui fait des kilomètres pour un sac de farine pour nourrir ses
enfants. La femme mulet qui est écrasée sous des charges inhumaines alors que
son homme traîne dans les cafés s'il n'a pas abandonné femmes et enfants. La
femme qui fait deux ou trois ménages par jour pour s'en sortir. La femme
exploitée dans les champs et à l'usine avec un salaire de misère. Voilà la femme marocaine et voilà des thèmes
qu’on aurait voulu que M Ayouch explore.
Bensalem Himmiche ancien
ministre de la culture, grand écrivain et scénariste marocain de langue
arabe place ce genre de film du cinéma marocain dans ce qu’il appelle un «
triptyque dégueulasse » à savoir, le
sexe la drogue et l’intégrisme comme si ce pays ne vit qu’avec et par cela.
Voir le lien en bas de page. Nous n’avons ni défis sociaux, politiques et
économiques auxquels il faut faire face et qui méritent d’avoir leurs places au
cinéma, ni de réussites qu’il faut mettre en valeur pour donner des exemples et
de l’espoir à notre jeunesse dans le pays. Bensalem Himmich, dénonce notamment
le misérabilisme dépeint dans ces films ainsi que les subventions accordées à
ce genre de films des deniers publics pour des créations artistiques qui n’en
sont pas. Ayouch en a bénéficié et pour quel résultat ?
Ainsi pour lui filmer une réalité -toujours la
même- avec ses propres protagonistes -ce que fait Nabil Ayouch dans ses
films- donc sans acteurs (souvent pour ne pas les payer) c’est tout sauf du
cinéma. C’est plutôt de l’arnaque : arnaque de l’état avec l’obtention de
subvention et arnaque du public en lui refilant des documentaires au lieu et
place de films de cinéma. Pour lui « c’est d’abord insulter la femme marocaine
volontairement et avec préméditation, en le transformant en une vulgaire
marchandise et vendeuse pour son corps et sa dignité en piétinant ses droits
fondamentaux ... Les cinéastes dans notre pays manquent de connaissances de son
histoire et de sa composition du social et de sa culture ».
Il est vrai que le cinéma est destiné entre
autres à faire à divertir et à rêver avec des fictions ; les films de ce
triptyque dénoncé par M Himmich ne comportent souvent pas de fictions sous
prétexte de retracer la réalité, la réalité d’après l'auteur. Il d’agit donc
plus de documentaires que de cinéma que de film et de cinéma. Parler de la
drogue, de la prostitution et de l'intégrisme est légitime et ne me pose aucun
problème sauf qu’en faire un projet cinématographique pour toute une génération
de cinéastes pose problème. Pour dire qu'il n'y a pas que ça. D'autant plus que
la presse quotidienne et les réseaux sociaux en parlent chaque jour jusqu'à
nous en saouler. Si les cinéastes s'y mettent aussi et en font même une marque
de fabrique non non non et non
C’est pourquoi je dis assez de misérabilisme,
les questions de drogue, de prostitution, et d'intégrisme on en a notre dose
quotidienne à travers la presse et les réseaux sociaux. De plus notre réalité
nous la vivons chaque jour. Faites-nous plutôt rêver et divertir avec de belles
fictions, de bons scénarios de beaux paysages de notre beau pays. De grâce
arrêter de chercher dans les poubelles.
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