Un attentat odieux vient de frapper l’Egypte. On parle de
plus de 235 morts pendant la prière
usuelle du vendredi dans une mosquée du
Sinai. La pieuvre terroriste a encore frappé et dans un lieu de culte musulman.
Que chacun tire les conclusions qu’il faut de cet acte horrible. La communauté
musulmane dans le monde doit le dire et le répéter ; ces assassins n’ont
rien à voir nous. J’avais déjà essayé d’expliquer pourquoi dans cet article ICI
En hommage aux
victimes et au peuple égyptien, je reprends
ci-après l’article que j’avais consacré à ce pays sur Agora sous le titre « Quand
l'Egypte « parlait d'elle-même » ICI
En effet ce peuple a fait l’objet d’une injustice
insupportable car floué de sa révolution (il s’agit bien d’une
révolution car le peuple est sorti dans le rue a fait tomber le mur de la peur
et a exigé et obtenu le départ d’un dictateur Hosni Moubarak) a été
usurpée en deux temps ; d’abord par les Frères Musulmans et actuellement
par l’armée
« C’est par hasard que je suis
tombé sur ce titre d’une chanson d’Oum Kaltoum qui
date de 1952 en arabe « Misrou
Tatahadat An Nafsiha »ou « l’Egypte parle
d’elle-même ». La chanson commence par. « Les êtres vivants se demandent comment je réalise mes
exploits toute seule : les constructeurs de pyramides ayant lancé un défi
à l’humanité entière ; je suis une couronne qui trône sur
le moyen orient ». Un peu plus loin « Si dieu me
rappelle à lui, l’Orient ne relèvera pas la tête après moi. Après les agressions
de tant de nations, je me suis toujours relevée ».
Mais pourquoi donc les paroles du célèbre poète
égyptien Hafez Ibrahim mort
en 1932 et la musique du compositeur de prédilection d’Oum Kaltoum,
Rhiad Sambati mort en 1982 et la voix sans pareil de la célèbre diva
égyptienne me submergent de tant d’émotions au point de me
faire « craquer » ? L’explication du tarab est-elle suffisante ?
Le « Tarab » est un terme arabe difficile à traduire qui
correspond à un sentiment étrange, une sorte de jubilation mais pas
seulement. Il a été décrit ainsi dans un article sur Agora consacré aux
effets les sons du Oud et les
chansons d’Oum Kaltoum réaction purement physique à
des vibrations – le son de l’instrument – se combinant à d’autres vibrations –
les miennes. Glissant d’abord en surface, ces doublets d’ondes pénètrent
ensuite dans les cellules, montent jusqu’à la gorge, puis jusqu’aux yeux.
Normalement, dans la seconde qui suit, les larmes coulent.
Mais
en ce qui me concerne, il n’y a pas que le « tarab » qui
m’a fait « craquer ». C’est l’attachement affectif à ce
pays qui fait partie plus que tout autre de notre identité
arabe et dont je me sens si proche mais dont le peuple est
l’objet d’une injustice insupportable car floué de sa
révolution (il s’agit bien d’une révolution car le peuple est sorti dans le rue
a fait tomber le mur de la peur et a exigé et obtenu le départ d’un
dictateur) a été usurpée en deux temps ; d’abord par les Frères Musulmans
et actuellement par l’armée.
Le soulèvement de tout un peuple contre la dictature de
Hosni Moubarak qui n’a pas hésité à maintenir le pays en état
d’urgence depuis son arrivée au pouvoir (consacrant l’arbitraire en mode de
gouvernement) avait soulevé l’admiration du monde entier. Un
éditorialiste du New York Times ne titrait-il pas en mars 2011 à propos de
ce dont il était témoin à la place Tahrir que « Nous sommes tous
Egyptiens » alors même que son gouvernement
avait toujours soutenu le raïs déchu. Innaharda, ehna kullina Misryeen ! en dialecte arabe
égyptien. Aujourd'hui
nous sommes tous égyptiens !
C'est
ainsi que se terminait l’article émouvant du NewYork Times qui
racontait la détermination et la souffrance des manifestants égyptiens attaqués
lâchement par des hordes soutenant le pouvoir à la Place Tahrir au
Caire."A
l'intérieur de la place Tahrir, le jeudi, j'ai rencontré un charpentier
nommé Mahmood dont le bras gauche était en écharpe, dont la jambe était dans le
plâtre et dont la tête était bandée dans un petit hôpital de campagne mis en place
par le mouvement pour la démocratie. C'était la septième fois en 24 heures
qu'il avait besoin d'un traitement médical pour les blessures subies par
des monstres soutenus par le gouvernement. « Je me battrai tant que
je peux, me dit-il. J'ai été émerveillé. Cela semblait être un exemple de
détermination qui ne pourrait jamais être dépassé..."
Un
plus loin « Amr (je n'utilise pas certains noms de
famille afin de réduire les risques pour les personnes que je cite) était
soigné de ses blessures. Je lui ai demandé aussi poliment que possible ce qu'un
double amputé dans un fauteuil roulant faisait dans une bataille rangée
impliquant des cocktails Molotov, des machettes, des briques et des rasoirs.
« J’ai toujours mes mains », dit-il fermement. "Si Dieu le veut,
je vais continuer à me battre."
Cette
révolution, initiée par des jeunes sur Facebook ,
reliés par tout un peuple qui a brisé le mur de la peur a été vite
récupérée par les Frères Musulmans mieux organisés lesquels profitant du vide
politique laissé par le pouvoir déchu et l’absence d’un leadership parmi
les révolutionnaires , ont usurpé le soulèvement populaire contre le
régime pour s’imposer comme la seule force politique organisée
en remportant l’élection présidentielle.
Il y a aussi, les événements actuels de
l’Egypte avec les massacres perpétrés par
l’armée contre la population civile et le retour à l’ordre établi du temps
de Hosni Moubarak. En démissionnant de son poste de vice-président Mohamed Baradei n’a
–il pas déclaré à l’agence Reuter que « Il est devenu difficile pour moi de continuer à
porter la responsabilité pour les décisions avec lesquelles je ne suis pas
d’accord, et dont je crains les conséquences. Je ne peux pas porter la
responsabilité d'une goutte de sang ».Malheureusement beaucoup
de sang a coulé depuis la prise de cette décision le 14 aout 2013 en Egypte.
Les maladresses du président Morsi démocratiquement élu justifiaient
elle ce coup sanglant de l’armée ? Le pays ne peut échapper à un
scenario à l’algérienne sauf paradoxalement si les Frères Musulmans encaissent
le coup et n’engagent pas une confrontation avec l’armée.
Car tout
pousse à croire que l’armée cherche la confrontation. La récente décision
d’un tribunal égyptien d’interdire l’association des frères musulmans ;
d’interdire aussi les organismes qui lui sont rattachés y compris le Parti
de Justice et de Libérté qui a porté au pouvoir le président Morsi va dans ce
sens. Cette décision qui permet à l’état de confisquer les biens des frères
musulmans va jeter ceux-ci dans la clandestinité.
Le
soutien de l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabe unis et le Koweït qui
ont mis 12 milliards de dollars sur la table comme aide pour faire face aux
difficultés financières du pays alors même qu’idéologiquement l’Arabie
Saoudite prône un Islam beaucoup radical (le wahhabisme) que celui
des frères musulmans. C’est peut-être la peur de l’arrivée au pouvoir par les
urnes d’un parti islamique à l’instar de l’exemple turc car après
tout, les frères musulmans en dépit de certains dépassements n’ont imposé
ni la port du nikab( voile intégral) ou le voile tout cours , n’ont pas
interdit la conduite automobile par les femmes , ni la mixité dans les
lieux publics et les établissements scolaires et universitaires mais surtout
n’ont pas imposé la charia et les châtiments corporels et leur lot de
flagellations, d’amputations et de coupures de tété ; exercices
macabres mais courant en Arabie Saoudite .
L’attitude
de l’Arabie Saoudite qui soutient les militaires
égyptiens explique l’attitude du parti (salafiste Al-Nour)qui a
applaudi le soulèvement des militaires et a cautionné par conséquent le
rétablissement de l’état d’urgence, l’arrestations des dirigeants des frères
musulmans et les poursuites engagées contre les initiateurs laïcs de la
révolution égyptienne pendant que le Raïs déchu Hosni Moubarak est relaxé par
la justice « faute de preuves ».
A signaler enfin que ce coup d’état militaire a été repeint en rose par les médias
français.
En écoutant Oum Kaltoum terminer
sa chanson par « je suis la
couronne et la perle du moyen orient »,.je ne puis que penser
avec émotion et tristesse à ce vaillant peuple d’Egypte dont je me sens si
proche. ».
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