Devant le silence coupable des intellectuels juifs
français face au génocide de Gaza le philosophe Daniel Salvatore Schiffer
adresse à travers le site Agoravox.fr- le site citoyen et de partage-, une
lettre ouverte à Alain Finkielkraut,
André Glucksmann, Bernard-Henri Lévy, Elie Wieselau au sujet de leur silence coupable.
C’est à son honneur de dénoncer le silence coupable des intellectuels juifs français
sur le sort inhumain qui est fait aux habitants de Gaza réduits à vivre dans
une prison à ciel ouvert. Condamnés comme des rats à creuser des tunnels, les
gazaouis ont le droit de résister et ce droit on ne peut leur nier comme l’ont
faits les peuples qui ont revendiqué et obtenu leur indépendance.
C’est trop facile de ranger Hamas comme mouvement terroriste
sans savoir ce que celui-ci réclame. Occulté par les médias français, celui-ci
demande tout simplement la fin du blocus de Gaza avec :
- l’ouverture des points de passage avec l’Egypte et Israël
;
-le droit de disposer des eaux territoriales pour la pêche
et l’échange de marchandises ;
- la libération des prisonniers palestiniens dans les
prisons israéliennes.
En faisant un accord avec l’Autorité Palestinienne sur un
gouvernement commun, celui-ci n’œuvre plus comme le claironne la propagande
israélienne à la destruction de l’état d’Israël, ça on l’entend pas beaucoup
dans les médias.
Je suis d’accord avec
lui par ailleurs sur le fait que les intellectuels musulmans et les autorités
religieuses musulmanes doivent condamner avec vigueur les actes terroristes des
extrémistes musulmans qui les visent en fait en premier il faut le rappeler.
S’agissant d’une
lettre ouverte et pour saluer le courage
de cet homme j’ai publié cette lettre sur mon blog et j’en propose la
publication sur Le Mag.ma. Ci- aprés la lettre en question
Daniel Salvatore
Schiffer.
Lettre ouverte d’un intellectuel juif à ses pairs
(Alain Finkielkraut, André Glucksmann, Bernard-Henri Lévy, Elie Wiesel) .
« Si l'intellectuel juif (mais laïc et agnostique) que
je suis se permet de prendre la plume pour vous interpeller aujourd'hui, c'est
que, à l'instar de toute personne éprise d'humanisme, j'estime la situation
dramatiquement urgente dans la Bande de Gaza, où le conflit israélo-palestinien
fait rage.
Nul n'ignore mon attachement à Israël, pays que, depuis que
mes pères eurent à subir l'indicible martyre de l'Holocauste, je porte dans mon
cœur. C'est donc avec conviction que je prône, pour l’État d'Israël, le droit
de se défendre lorsqu'il se voit attaqué par des centaines de roquettes tirées
par les terroristes du Hamas, lesquels se cachent derrière leur propre
population, qu'ils prennent lâchement en otage, tel un bouclier humain. A
Israël, donc, mon indéfectible soutien !
Mais, ces prémices établies, est-ce là une raison pour
qu'Israël se comporte à son tour, au vu de l'extrême violence avec laquelle son
armée met à feu et à sang cette Bande de Gaza, comme un assassin ?
Détruire les tunnels bellicistes du Hamas, oui ! Éradiquer
de Gaza ces fanatiques qui mettent Israël en péril, oui ! Mais non, pour
autant, tuer des centaines d'innocents ! Qu'en en juge par le nombre de
palestiniens morts, presque tous civils, depuis le début, le 8 juillet dernier,
de cette offensive militaire : 600 tués, sans compter les milliers de blessés.
Un massacre, perpétré en toute impunité ! Israël, cette nation qui inventa avec
l'historique décalogue le concept de « loi », serait-il donc aujourd'hui, par
on ne sait quel inéquitable privilège, au-dessus du droit international ?
Rien ne peut justifier pareil carnage : c'est là, de la part
d'Israël, qui se devrait d'être un exemple pour l'humanité, inadmissible sur le
plan humain : ce crime, hautement répréhensible au niveau moral, s'apparente,
quelle que soit votre réticence à l'admettre objectivement, à un « crime de
guerre », sinon un « crime contre l'humanité ».
Je le clame donc, porté par ma seule conscience, avec une
identique conviction : Israël n'est pas digne, en cette effroyable
circonstance, de son Histoire. Pis : il la dénature, au gré de ses seuls
intérêts géostratégiques, et la trahit !
Davantage, et sans certes vouloir comparer ici
l'incomparable : Israël, État qui vit le jour au lendemain de ce crime unique
dans les annales de l'(in)humanité que fut la Shoah, n'a-t-il donc rien appris,
ou si peu, des immortelles leçons de son glorieux quoique douloureux passé ? La
politique menée par la droite israélienne s'avère aussi désastreuse, par son
radicalisme idéologique et son intransigeance politique, que celle des extrémistes
palestiniens : une impasse ne conduisant qu'au pire des scénarios catastrophes.
Israël ne se rend-il donc pas compte qu'en confinant ainsi
près de deux millions d'êtres humains - les Palestiniens - dans une bande
longue d'un peu plus de quarante kilomètres et large de moins de dix
kilomètres, il ne fait que répéter ainsi, leur niant le droit d'exister en tant
que peuple libre, ce que les Allemands firent avec les Juifs, de sinistre
mémoire, dans le ghetto de Varsovie ?
J'ai mal à mon sens de l'humanité lorsque je vois des mères
palestiniennes hurler à la mort sur le cadavre ensanglanté de leur enfant
déchiqueté par un missile israélien. A à ces pères et ces mères en larmes,
toute ma compassion !
Je suis là, n'en déplaise à ma patrie d'élection qu'est
Israël, tout aussi palestinien que juif : l'inhumaine souffrance n'a pas de
nationalité, de culture ou de religion ; elle est universelle, et, parfois, je
me sens, à entendre ces cris déchirants, couvert de honte.
Aussi, une autre interrogation, non moins lancinante, me
vient-elle, en ces jours mortifères, à l'esprit : où êtes vous donc aujourd'hui
pour condamner ces meurtres, vous qui êtes toujours prompts à fustiger les
crimes partout dans le monde, à juste titre certes, mais à la notoire et
irrationnelle exception de ceux perpétrés par Israël ? Un injustifiable, par la
plus incompréhensible des indignations sélectives, « deux poids, deux mesures »
! Ainsi aimerait-on vous entendre dénoncer publiquement, au nom même de ces
principes universels que vous revendiquez, les bombardements israéliens à
l'encontre des civils palestiniens, comme vous vous insurgiez naguère contre le
siège de Sarajevo par les Serbes.
Répondre à la barbarie par la barbarie n'est guère une
solution ; cet engrenage ne fait qu'attiser la haine et exacerber ce conflit.Votre
silence, en cette triste circonstance, est aussi assourdissant, paradoxalement,
que celui, tout aussi coupable, des intellectuels musulmans lorsqu'ils se
refusent à condamner ouvertement les crimes commis par les intégristes
islamistes et autres djihadistes. Un humaniste digne de ce nom se doit de
dénoncer, tel un impératif catégorique, le crime d'où qu'il vienne, sans se
laisser enfermer en un quelconque esprit partisan, ni manichéisme ou
dogmatisme.
Faites donc preuve ici d'honnêteté intellectuelle, de
courage moral, de noblesse d'âme et de lucidité : élevez-vous au-dessus des
partis, prenez de la hauteur et condamnez le crime, même lorsqu'il provient de
votre famille ; vous en sortirez grandis, et le monde vous en saura gré !
N'avez-vous donc rien retenu de la magistrale leçon
d'éthique de notre maître philosophique Emmanuel Levinas, pour qui l'Autre, à
travers ce qu'il nomme métaphoriquement le « visage », constituait l'essence,
dans le don partagé, de l'Humanité ? Votre mutisme vous déshonore !
Morale de l'Histoire ? Telle est cette paix des braves que
j'appelle de mes vœux afin de résoudre cet interminable et terrible conflit
israélo-palestinien. Sa fin n'a qu'un seul et pourtant simple préalable, aussi
difficile à entendre soit-il pour certains Juifs : la coexistence, pacifique et
démocratique, des États israélien et palestinien, avec une reconnaissance
réciproque de la part de leurs institutions politiques respectives.
Bref : Israël doit
restituer aux Palestiniens les territoires qu'il occupe illégalement depuis
trop longtemps et permettre donc que ce peuple ait enfin légitimement son État,
libre, indépendant et souverain. Tel est le nœud, qui n'est inextricable qu'en
apparence, du problème !
Ce n'est qu'à ce juste prix qu'Israël, qui devrait faire
preuve de sagesse diplomatique en cette épineuse question, pourra vivre dans la
paix qu'il mérite, et que le monde entier retrouvera, avec la progressive
disparition de ce conflit, un peu plus de sérénité.
Quant à cet antisémitisme qui est en train de déferler
dangereusement aux quatre coins du globe, il n'aura, ainsi, plus d'odieux alibi
pour gangrener l'humanité. »
A qui appartient Israel n'a trop peu d'importance ici.
RépondreSupprimerCe qui doit nous interresser dans l'immediat, c'est de proteger le maximum de vie humaine.
tous discours autres n'est que pur egoisme.