Avec les "tags à
caractère injurieux" découverts sur
la façade de la Grande Mosquée de Paris dans la nuit du lundi au mardi dernier, c’est un acte islamophobe de plus qui s'ajoute aux actes islamophobes qui sont en augmentation vertigineuse et
inquiétante en France. Si la Mosquée de Paris a été épargnée jusqu’à présent,
le fait de s’attaquer à ce lieu du culte symbolique dans la capitale française ne
doit pas laisser indifférent.
Par ailleurs, la
répétition des actes islamophobes en France et leur banalisation semblent
augurer d’une évolution malsaine d’une frange importante de la société
française. Car selon le Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF), les
agressions physiques et verbales contre les musulmans ont augmenté de 57% en
2012 par rapport à 2011. « En 2012, près de 500 actes envers des institutions
ou des individus ont été recensés, 200 de plus qu’en 2011 et 300 de plus qu’en
2010. En moyenne, une institution chaque semaine et un individu chaque jour
sont victimes d’actes d’hostilité, dégradation ou agression physique. Et
encore, ne s’agit-il là que des seuls actes déclarés par les victimes, un grand
nombre d’entre elles préférant se taire. Totalement occultée par les médias
dominants, l’islamophobie n’en fait pas moins des ravages…. Cette évolution
massive des opinions et des comportements est l’indice d’une transformation
profonde du champ politique, elle-même étant le reflet de mutations plus
larges, notamment économiques. »
Cette islamophobie se traduit dans des actes dans la vie quotidienne. Ainsi « aujourd’hui, même si
vous êtes une jeune fille française, élevée en France et dans certains lieux,
certains métiers vont vous être interdits. C’est une forme d’altérisation
religieuse, où l’on va considérer que les discours ou les comportements d’un
individu sont déterminés par son appartenance religieuse. Ce sont aussi des
discours hostiles aux musulmans en tant que groupe. Avec, derrière, la question
de la légitimité de leur présence sur le territoire. C’est la même question qui
se posait pour les Juifs. Les discours antisémites du XIXème et XXème avaient
pour enjeu la légitimité de leur présence sur le territoire. Il y a une logique
analogue pour les musulmans qui sont également considérés comme étrangers. »
« Nous observons une
mutation de l’islamophobie, qui après avoir été longtemps et majoritairement
l’œuvre des services publics, s’enracine désormais dans le monde du travail,
dans le secteur privé, sous la forme d’atteintes interpersonnelles ou
d’agressions. La France est passée d’une islamophobie politique à une
islamophobie culturelle, relayée politiquement », note le CCIF dans son rapport
annuel. L'Observatoire, placé sous l'autorité du Conseil français du culte
musulman (CFCM) s'inquiète aussi d'une "forte augmentation" de
l'islamophobie "via la cyber-haine", avec une propagation "des mensonges" sur
l'islam et les musulmans et "prônant la haine ».
Surfant sur la vague
islamophobe, la droite mais surtout, l’extrême
droite française essaye d’en faire un enjeu électoral. En panne d'idées face à la
crise, le personnel politique surtout de droite fait croire que les vraies
questions qui interpellent la France d'aujourd'hui, c'est d'abord la menace
représentée par l'Islam de France contre la laïcité de la République.
Dans d’autres pays européens, l’extrême droite tient le même discours pour
« racoler » des électeurs victimes eux aussi de la crise qui frappe ces
pays.
Cet enjeu électoral a
été d'abord illustré par le fameux débat sur l'identité française qui
n'a fait que mettre à l'index la communauté musulmane du pays et exacerber le rejet de l'autre. Ce débat a
été relayé par les medias avec notamment des images de musulmans priant
dans la rue. Sans jamais dire qu'il ne s'agit que d'une infime minorité sur les
5 millions de musulmans qui eux prient dans les mosquées, chez eux, ou pas du
tout.
L’Islamophobie se nourrit aussi de la confusion entre
musulmans et intégriste musulmans .Les premiers (qui constituent l’écrasante
majorité) vivent leur foi dans la discrétion et la sérénité ; les seconds
plus médiatisé mais qui constituent une
infime minorité sont mis en avant. Les couvertures de certains hebdomadaires paraissant
cette semaine et traitant d’un fait
divers qui a secoué dernièrement la France sont abjectes.
C’est pourquoi, le
déferlement raciste en France contre les musulmans dont sont victimes nos compatriotes vivant dans ce pays doit donc
nous interpeller et au premier chef les pouvoirs publics. Le silence du département en charge
de la communauté marocaine à l’étranger et des autorités religieuse dans notre
pays est inquiétant.
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