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samedi 15 octobre 2011

Maroc-Algérie: je t'aime moi non plus.

  Le roi Mohammed VI du Maroc a encore demandé samedi le 30/07/2011 la réouverture des frontières terrestres de son pays avec l’Algérie fermées avant son accession au trône et a appelé à une normalisation des relations entre Rabat et Alger. En effet, les frontières terrestres entre les deux pays voisins du Maghreb avaient été fermées en 1994, suite à un attentat terroriste perpétré à Marrakech (sud du Maroc) dans lequel des touristes espagnols avaient été tués et dont les autorités marocaines avaient imputé à l’époque la responsabilité aux services secrets algériens. En réalité ces frontières et ce depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962 ont été plus fermées qu’ouvertes. Elles n’ont été ouvertes que de 1963 à 1974 et de 1975 à 1994. 
Pour le roi ‘Nous tenons à l’amorce d’une nouvelle dynamique ouverte sur le règlement de tous les problèmes en suspens, en prélude à une normalisation totale des relations bilatérales (…) y compris la réouverture des frontières terrestres’, a souligné Mohammed VI, dans son discours du trône.
‘Cette démarche exclut tout immobilisme ou ostracisme incompatible avec les liens de bon voisinage, l’impératif d’intégration maghrébine et avec les attentes de la communauté internationale et de notre espace régional’, a-t-il ajouté.
Réactions au discours du Roi

La demande du roi n’a trouvé jusqu'à présent aucun échos de la part des autorités algériennes si l’on exclut celle de M Kassa Aissi, porte-parole du Front de libération nationale (FLN), “Ce type de réaction intervient toujours comme des effets d’annonce mais sans rien de concret”, a-t-il affirmé en rappelant que c’étaient les Marocains qui avaient “décidé de fermer” la frontière terrestre commune des deux pays.

L’accueil réservé à cette demande du roi par la presse algérienne a été pour le moins mitigé voire franchement hostile. “La question des frontières est perçue comme un échappatoire aux difficultés socio-économiques du Maroc”, a affirme le journal Liberté qui ne parle du sujet que dans ses pages intérieures.

Pour Le Soir d’Algérie, le même thème est souligné : “Mohammed VI ou l’obsession des frontières”, titre-t-il aussi en page intérieure.

“Ce qui est nouveau en revanche, c’est sa volonté affichée de régler préalablement tous les problèmes en suspens”, relève Le Soir tout comme son confrère Liberté, et c’est d’ailleurs la position d’Alger selon les deux quotidiens.

Quant au Moudjahid, le journal du FLN, il se contente de publier en dernière page le message de félicitations adressé par le président Abdelaziz Bouteflika au souverain marocain pour le 12e anniversaire.

Par contre le quotidien d’Oran accueille avec satisfaction le discours du roi. En effet pour ce journal « Il n'est pas rare d'entendre en Algérie l'argument selon lequel l'ouverture de la frontière occidentale ne bénéficierait qu'au Maroc et se ferait au détriment de l'économie du pays. Faut-il répondre que la frontière algéro-marocaine n'a pas été fermée de toute éternité ? Et que le sort de l'économie algérienne ne dépend pas d'une frontière close mais de sa capacité à produire, à créer de la richesse, à innover et à bien former les générations montantes ? » Un peu plus loin le journal ajoute « Mais si l'on se place dans une perspective plus longue, le déséquilibre n'est plus aussi patent. Sur le fond, en quoi importer de Tunisie ou du Maroc ce que nous importons de toute façon d'Europe ou d'Asie devrait pénaliser l'économie algérienne ? ».

En fait, les réactions de la presse algérienne résument assez bien la position d’Alger sur cette question : l’économie algérienne n’a rien à gagner de l’ouverture de cette frontière qui bénéficiera surtout à l’économie marocaine en plus des problèmes au trafic de drogue.

Du coté marocain c’est un autre son de cloche qui est avancé.

La fermeture des frontières n’a pas entravé le développement de la région de l’orientale du Maroc bien au contraire. En effet, les agents d’autorité (walis et gouverneurs) qui se sont succédé sur cette région se croisaient les bras en attendant l’ouverture des frontières. Or cette politique a bien changé depuis l’avènement de Mohammed VI ; la région de l’orientale du Maroc fréquemment visité par le roi (au moins une fois par an) est devenue un pôle de développement du pays (station balnéaire de Saadia, réhabilitations urbaines, autoroute Fès Oujda et rocade méditerranéenne-Tanger Oujda-, desserte ferroviaire Nador Berkane, Port de Nador, Agricole de Berkane, Zones Industrielles, développement universitaire etc…. Des projets importants sont en cours de réalisation dans la région comme le méga projet touristique de Nador.).

Concernant le tourisme ? Le Maroc reçoit prés de 10 millions de touristes et prévoit d’en recevoir 20 millions en 2020.

Quand à la contrebande et autres trafics ; ils fleurissent lorsque les frontières sont fermées et qu’il n’y a pas de coopération sécuritaire et douanière entre les deux pays ce qui est le cas.

C’est donc sur le plan humain que l’ouverture de cette frontière est une nécessité pour les deux pays qui ne peuvent plus continuer à se tourner le dos.

Pour comprendre pourquoi cette frontière a été plus fermée qu’ouverte, il faut rappeler que les relations tumultueuses entre les deux pays sont le fruit d’un lourd passé qui a engendré des méfiances et des rancunes entre les deux pays. 


Le passif historique.

En effet, les relations tumultueuses entre Rabat et Alger ont pour objet un passif historique perçu différemment dans les deux pays. Cette incompréhension remonte à la colonisation de l'Algérie et la résistance menée par l'Emir Abdelkader. En effet Moulay Abderrahmane - sultan du Maroc à l'époque- avait soutenu le chef de la résistance algérienne l'Emir Abd el-Kader contre la colonisation française. De ce fait, un conflit a éclaté entre l'armée français et l'armée marocaine conduite par le Sultan Moulay Abderrahmane. Cette bataille s'est terminée par la défaite de cette dernière à Isly (14 août 1844). Par le traité de paix qui lui était imposé, le Sultan reconnut la présence française en Algérie et s'engagea par conséquent à ne plus soutenir l'Emir Abdelkader lequel après avoir mené une guérilla se rendit aux Français.

Pour les Algériens, c'était une trahison du sultan du Maroc, mais pour les Marocains au contraire, la bataille d'Isly qui s'est soldée pour le Maroc par la perte de 800 hommes est un signe de solidarité dont les conséquences furent lourdes pour le pays : un tracé des frontières imposé par la France, l'affaiblissement du Pays qui a conduit à la perte de Tétouan en 1860 au profit de l'Espagne et un peu plus tard à la partition du Maroc entre la France et l'Espagne.
Pendant l'occupation française de l'Algérie, la France a annexé de larges portions du territoire marocain notamment en 1900 et 1901. A l'indépendance du Maroc, Mohammed V a refusé l'offre de la France de restituer ces territoires en contrepartie de ne plus héberger les combattants du FLN. Le roi Mohammed V voyait cette proposition comme un « coup de poignard dans le dos » des « frères algériens » et parvint séparément à un accord le 6 juillet 1961 avec le chef du Gouvernement provisoire de la République algérienne, Ferhat Abbas.

A leur indépendance les autorités algériennes ont refusé de discuter du sujet alors même que lors du référendum d'indépendance en Algérie, les habitants de Tindouf indiquaient sur leur bulletin : « OUI à l'indépendance, mais nous sommes marocains »  Ceci entraina les deux pays dans une guerre en 1963.

Les conséquences de cette guerre pour les deux pays étaient lourdes. Les deux régimes ne se sont vraiment jamais réconciliés depuis. Alger a toujours reproché à Rabat cette guerre ce qui l'a entrainé à vouloir déstabiliser le régime marocain de Hassan2 par opposants interposés. Cela s'est aussi traduit par l'expulsion de 350 000 ressortissants marocains établis en Algérie dans des conditions souvent inhumaines. Les autorités algériennes reprochent de leur coté aux marocains d’avoir en 1973 dépossédés sans indemnisations  des algériens des terres acquis au Maroc.
 
Enfin la création du Polisario au départ un mouvement de libération du Sahara sous occupation espagnole sous l'égide du Maroc et qui va être rapidement instrumentalisé par Alger contre son voisin de l’Est.

Le dégel ?

Ou en sont les relations aujourd’hui. Sur le plan humain le Maroc est la deuxiéme destination touristique préférée des algériens en 2011 après la Turquie. Ceux ci sont obligés de prendre l’avion cependant. Sur le plan officiel, les deux pays ont échangés des ministres en 2011. La ministre de l’énergie marocaine a visité l’Algérie et le ministre algérien de l’agriculture le Maroc en 2011.

L'Algérie fournira du gaz naturel  au Maroc à compter du mois de septembre, aux termes d'un accord conclu récemment.

Cet accord prévoit la fourniture de 640 millions de mètres cubes de gaz par an à deux centrales électriques hybrides : Aïn Beni Mathar à Jerada, près de la frontière algérienne, et la centrale de Tahaddart, près de Tanger. Ce gaz transitera par le gazoduc Pedro Duran Farell qui relie les champs gaziers de Hassi R'mel à l'Espagne, via le Maroc.

A signaler que sur le plan électrique, les deux pays sont connectés et connectés à l’Europe via une liaison entre le Maroc et l’Espagne. Le courant donc passe la frontière terrestre mais pas les hommes.

Sur le plan des infrastructures, les deux pays ont préparé l’ouverture éventuelle des frontières. Du coté marocain, l’autoroute Oujda (ville frontalière)- Fez 371 km a été mise en service au mois de juillet de cette année. Cette liaison connectera la ville au réseau autoroutier marocain. Par ailleurs, la rocade méditerranéenne dont le dernier tronçon est en cours d’achèvement reliera Tanger sur l’atlantique à la ville d’Oujda.

Du coté algérien l'autoroute Est Ouest en cours d’achèvement prévoit une bretelle jusqu'à la frontière algéro marocaine. 

Conclusion :

Ce n’est pas seulement une histoire d’ouverture des frontières, c’est une histoire d’ouverture des esprits. Eponger le passé historique en le laissant aux historiens et en gager un partenariat économique (gagnant- gagnant) est la solution. Le rôle de la société civile et des citoyens est de s’emparer de cette question pour faire avancer les mentalités sur ce qui rapproche les deux pays. L’Algérie est un pays riche mais fragile économiquement. Elle importe. 75% de ses besoins, les exportations hors hydrocarbures ne représentent que 2 à 3%. Le Maroc est pauvre comparativement mais n’est pas fragile économiquement puisque son PIB a doublé en 10 ans avec une progression annuelle de prés 5% grâce à la diversification de son économie ; les phosphates principale richesse du pays ne représente que le quart de ses exportations.

L’Algérie doit s’ouvrir sur les autres pays pas seulement le Maroc pour que son secteur privé se développe et réalise la diversification nécessaire de son économie. Le secteur privé ne se développera pas s’il n’est pas confronté à la concurrence étrangère. Il faut des étapes, des lois et des règlements mais l’ouverture est une nécessité économique et il faut agir tout de suit. Des économistes algériens ne cessent y compris sur ce site de demander l’ouverture et la diversification de l’économie algérienne.

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