Le Maroc vient de réintégrer l’Union Africaine. Dans le
discours mémorable et émouvant d’hier, le 31/01/2017, le souverain n’a pas
hésité de dire que c’est un retour à la maison et qu’il s’agit d’une retrouvaille
familiale. C’est dans ces termes que SM le Roi a interpellé les chefs d’état
africains « Il est beau, le jour où l’on rentre chez soi, après une trop
longue absence ! Il est beau, le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé
! L’Afrique est Mon Continent, et Ma maison. Je rentre enfin chez Moi, et vous
retrouve avec bonheur. Vous M’avez tous manqué. » « Le retrait de l’OUA
était nécessaire : il a permis de recentrer l’action du Maroc dans le
continent, de mettre aussi en évidence combien l’Afrique est indispensable au
Maroc, combien le Maroc est indispensable à l’Afrique. »
C’est contraint, que
le Maroc a quitté l’OUA ancêtre de l’UA le 12 novembre 1984 à Addis Abeba
après l’admission de la fantomatique RASD. Revenant sur ces péripéties, un
article de jeune Afrique du 18/07/2016 décrit ce moment « Après
l’ordre du jour, le Maroc demande la parole. M Guédira donne alors, sur un ton très calme,
lecture d’un message du roi Hassan II : « Voilà, et je le déplore, l’heure de
nous séparer. En attendant des jours plus sages, nous vous disons adieu et nous
vous souhaitons bonne chance avec votre nouveau partenaire. »
Ce nouveau partenaire, c’est la RASD, État autoproclamé
en 1976 par le Front Polisario et qui siège pour la première fois en tant que
membre de l’OUA. Avant de se retirer, M Guérira a réaffirmé avec ferveur que la
présence du drapeau chérifien sur le sol saharien est « conforme à l’Histoire
et à la loi internationale ». Le ministre zaïrois des Affaires étrangères lui
emboîte le pas, accusant l’OUA d’accueillir en son sein « un État fantôme et de
violer ainsi la charte de l’Organisation », qui stipule que seuls des pays indépendants
et souverains sont habilités à y siéger ».
Et en effet, l’article 4 de la charte de l’OUA signée
à Addis Abeba le 25 mai 1965 dispose que « Tout Etat africain indépendant
et souverain peut devenir membre de l’Organisation. » Ce qui n’est
nullement le cas de la RASD qui n’est ni un état indépendant ni souverain. Les
membres de l’OUA conduits par Alger ont donc violé leur propre charte. Juridiquement
cet acte d’adhésion était nul et non avenu.
Les « jours meilleurs » décrits par feu Hassan2
sont bien arrivé mais 33 ans après, car le retour à l’UA a été soigneusement
préparé. Alors que la fantomatique RASD et son mentor algérien n’ont rien
apporté à l’Afrique, le Maroc y est plus présent que jamais à travers ses
investissements, ses entreprises, ses banques et institutions financières et la
coopération pluridisciplinaire initiée et suivie par le Souverain avec les
états africains. SM le Roi a rappelé dans son discours qu’il a effectué 46 visites
en Afrique et a visité 25 pays. Ces visites ont été ponctuées par la signature
de 949 accords. ; un record. Le Maroc a en outre et contrairement à Alger,
appliqué une politique de régularisation des immigrés alors qu’en Algérie une
chasse à l’homme odieuse des africains a été organisé. De ce fait, le Maroc n’a jamais été plus
proche de l’Afrique et tous les éléments étaient réunis pour que notre pays accède
par la grande porte à l’Union Africaine.
Maintenant concernant la RASD qui siège illégalement dans l’Union africaine ; s’agit-il d’un
membre de la famille que l’on doit exclure ou bien ce n’est pas un membre de la
famille et auquel cas, il faut lui réserver un autre traitement?
Si on considère
que la RASD est un état on peut réfléchir sur son mode d’exclusion qui est
donné par un article de Jeune Afrique du 20/ 07/2016 « Pour exclure un
Etat membre, l'Acte constitutif de l'Union africaine a prévu deux moyens, et
deux moyens seulement. Le premier est indiqué dans son article 30 : il stipule
que « les gouvernements qui accèdent au pouvoir par des moyens
anticonstitutionnels ne sont pas admis à participer aux activités de l'Union ». Sont visés, bien sûr, les auteurs de coups d'Etat. Cet article
a déjà permis de suspendre la Mauritanie après le coup d'Etat de 2008, mais
aussi la Guinée après la prise du pouvoir par Moussa Dadis Camara, l'Egypte du
maréchal Sissi ou plus récemment le Burkina Faso, après le putsch du général
Diendéré. Difficile, en l'occurrence, de l'appliquer à la RASD (République
arabe sahraouie démocratique), qui siège au sein de l'UA depuis sa création. Le
second est décrit dans l'article 31 : il s'agit des modalités, pour un Etat,
pour quitter volontairement l'UA. Mais il reste une troisième manière, plus
détournée : il faut modifier le texte fondateur. Selon son article 32, tout Etat
peut soumettre des propositions d'amendement ou de révision de celui-ci. La
Conférence de l'Union, l'organe suprême de l'UA, dispose alors d'un an pour les
examiner. Et c'est cette conférence des chefs d'Etat qui a le pouvoir de les
adopter, soit par consensus, soit à la majorité des deux tiers, c'est-à-dire 36
Etats, huit Etats de plus que les signataires de la motion de Kigali. Enfin,
une dernière étape doit être franchie, en rassemblant là aussi une majorité des
deux tiers : la ratification par l'ensemble des Etats membres. Avec une
précision d'importance : cette ratification doit être faite « conformément à
leurs procédures constitutionnelles respectives ».
Or dans le cas de la RASD, il ne s’agit pas d’un état
voici pourquoi. Tous les étudiants de première année de droit apprennent ce
qu’on appelle « les éléments constitutifs d’un état » et qui
sont au nombre de trois. Sans un de ce éléments un état n’a aucune existence
juridique. Ce sont un territoire, une population et une souveraineté. A
cet effet, le territoire du Sahara qui fait partie du territoire marocain est
sous administration de l’état marocain, la population est sous une administration
de l’état marocain quant à la souveraineté, la RASD n’a aucune souveraineté au
Sahara. C’est ainsi que pour se pourvoir en justice, la RASD- qui n’est pas
reconnu comme état par le droit international comme nous l’avons expliqué- a recours
au Polisario en justice. Cela a été le cas dernièrement lors du recours devant
la Cour de Justice Européenne. En rejetant le recours cependant, cette
juridiction a dénié aussi au Polisario le droit de représenter le Sahara et ce dans
des termes clairs et sans ambiguïté en concluant son arrêt comme suit :
« 133 Dès
lors, sans qu’il soit besoin d’examiner le surplus de l’argumentation par laquelle
le Conseil et la Commission contestent la recevabilité du recours, il doit être
considéré que le Front Polisario ne peut en tout état de cause pas être
regardé, compte tenu des arguments qu’il invoque, comme ayant qualité pour agir
en annulation de la décision attaquée.
134 Par voie de
conséquence, le recours doit être rejeté comme étant irrecevable. »
En conséquence, puisque cette entité appelé RASD n’a
pas la qualité d’état et n’est pas reconnue sur le plan international n’étant
pas membre de l’ONU ou de ses organisations spécialisées notamment, il faut
revenir ce qui a amené le Maroc à quitter l’OUA. N’étant pas un état, la RASD n’a
aucune capacité juridique ou effective pour appliquer les décisions ou résolutions
de l’Union Africaine; elle n’a donc pas le droit de siéger à l’Union Africaine.
Ainsi au titre de l’article 13 de la charte de l’Union Africaine par exemple et
bien qu’en étant membre, la RASD est dans l’incapacité juridique et effective d’appliquer
les décisions prises au sein de Conseil Exécutif dans lequel elle est membre au
même titre que les autres membres de l’Union Africaine.
Donc de mon point de
vue, il faut que notre diplomatie développe ces éléments juridiques et d’autres
pour mettre à l’écart une entité qui n’existe que comme slogan et non comme état. Parallèlement notre présence diplomatique, économique et financière, sociale et humaine en Afrique sous l'impulsion du souverain doit être poursuivie car ni Alger à plus forte raison sa création la RASD n'ont rien à apporter à l'Afrique.
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