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lundi 25 avril 2016

Maroc : comment le monde politique, hypothèque la transition démocratique du pays.



De plus en plus, le monde politique parait en déphasage avec les dispositions de la constitution de 2011sensée assurer la transition démoratique du pays. Ainsi du côté du gouvernement M Abdelilah Benkirane, le chef du PJD (islamiste) qui dirige la coalition gouvernementale au pouvoir depuis plus de quatre ans n’a-il pas confirmé dans une interview accordée à El Jazeera ce que tout le monde constate au Maroc ; c’est qu’il n’exerce pas toutes ses prérogatives constitutionnelles. Dans cette interview voir ici, M Benkirane répète dans une sorte de fuite en avant à qui veut l’entendre que c’est le « Roi qui dirige le pays » et que « je ne fais que participer à faire fonctionner le pays ». Rien que ça !




Or, d’après la nouvelle constitution de 2011, il dispose ( dans le cadre du conseil de gouvernement qu'il préside) du pouvoir exécutif et dirige le gouvernement dont les attributions sont explicitées (article 92) à savoir entre autres l’examen des projets de loi et des décrets qui ne sont plus soumis au conseil des ministres présidé par le Roi (article 92). Ce dernier conseil se consacrant essentiellement aux orientations générales de la politique de l’état et à des délibérations sur les lois constitutionnelles essentiellement (article 49).

 Dans ses différentes sorties médiatiques, le chef du gouvernement répète à qui veut l’entendre qu’il est hors de question pour lui « d’entrer en conflit avec le Roi », ce qui est une aberration car c’est bien le Roi qui a proposé et approuvé après de larges consultations, la nouvelle constitution qui a été soumise au référendum en 2011 et qui institue pour la première fois au Maroc un chef de gouvernement qui doit être choisi dans les rangs du parti qui arrive le premier aux élections législatives. En réalité, il s’agit plutôt de l’incapacité de M Benkirane et celle de son gouvernement de coalition pléthorique ( 37 ministres) plus que le gouvernement français et espagnol réunis, à relever les défis économiques et sociaux qui se posent au pays. Dans quel pays, il y un ministre de l’habitat et un autre ministre de l’urbanisme alors que ces deux organisme étaient en fait de simples directions dans un grand ministère ? En fait, ce qui a été recherché dans le cas de l’espèce, c’est de satisfaire les partis qui forment la coalition gouvernementale plutôt que l’efficacité. La preuve, les deux responsables des deux départements dont l’un est dirigeant d’un parti politique, ne font que de « la gestion courante » sans vision, ni stratégie, ni programmes bien établis alors que la pays continue de souffrir d'un manque criant de logements, de l’habitat insalubre ou menaçant ruine ou ce qu’appelle la presse marocaine « la mafia de l’immobilier » qui est en train de défigurer des villes comme Fès (ville nouvelle) et de Casablanca entre autres.

Il n’y a pas de démocratie sans démocrates, c’est bien connu. Les réformes constitutionnelles ne vont permettre au pays de sauter le pas vers une véritable monarchie parlementaire que si le personnel politique notamment celui de l’opposition politique fait sa mue. Or les retransmissions par la télévision des débats parlementaires montrent un hémicycle clairsemé donnant une piètre image sur le sens de responsabilité des élus de la nation. La plupart assistent certes à la rentrée parlementaire présidée par le Roi mais disparaissent après. Autrement, c’est des joutes oratoires ponctués d’invectives et d’insultes alors que le pays attend des réformes urgentes en matière d’enseignement, de santé, d’habitat et de lutte contre le chômage et la précarité. Et alors que l’opposition parlementaire doit être aux premières loges dans la lutte pour les droits de l’homme, et l’état de droit et au côté du monde du travail et des démunis, elle préfère laisser ce rôle à une opposition démagogique qui se bat plus contre le régime et par conséquent contre l’existence même de cette opposition parlementaire.
 Par ailleurs, le bilan de la gestion notamment des communes et des villes par les partis politiques et notamment ceux de l’opposition qui devaient donner l’exemple est désastreux à de rares exceptions. En effet, les rapports de la Cour des Comptes et ceux de l’inspection territoriale du ministère de l’intérieur relayés par les médias locaux ont montré sous de mauvais jours, des présidents de communes, des conseillers communaux alliant l’incompétence, la mauvaise gestion à la corruption. La presse marocaine rapporte dans le détail des affaires de corruption ainsi que toutes sortes de marchandages du fait de la cupidité des conseillers. Le ministre de l’intérieur vient de signaler qu’un nouveau lot de présidents de communes (élus) va être présenté à la justice suite à des rapports accablants de la Cour des Comptes. Ceci a été rendu possible par le fait que les partis politiques ne sont pas très regardant sur leurs candidats et ce ni sur le plan de l'instruction ni celui de la moralité. D’ailleurs, une fois élus, ces candidats ne sont plus encadrés par les partis politiques et ne rendent aucun compte à ces mêmes partis.

Sur un autre plan, le pays vient de se doter d’une organisation régionale sensée permettre aux populations de gérer véritablement leurs propres affaires. Le modèle marocain de régionalisation avancée s'inscrit clairement dans le cadre d'un Etat démocratique décentralisé et marque un bond qualitatif dans le processus de démocratisation de la société. Cette nouvelle conception de régionalisation requiert des collectivités territoriales élues ayant une légitimité démocratique et dotées des mécanismes nécessaires à même de renforcer la participation des citoyens, hommes et femmes, dans la gestion de la chose publique. Voir le Résumé du Rapport sur la Régionalisation Avancée au Maroc. Le monde politique serait-il au rendez-vous pour faire aboutir cette réforme ambitieuse ? Les dernières élections régionales ont permis certes, l’élection de présidents de régions mais aucune échéance sur une mise place effective n’a été annoncé à ma connaissance par le gouvernement. On assiste même médusés à des entreprisses démagogiques allant jusqu'a mettre en danger l'unité du pays. Ainsi le président de la région du Tanger-Tétouan-Al Hoceima récemment élu ; au lieu de commencer à élaborer un programme pour le développement de cette région s’est empressé d’organiser une réunion internationale sur la dépénalisation du cannabis pour donner en quelque sorte une gage aux cultivateurs mais aussi indirectement aux trafiquants de drogue et a fait une visite largement médiatisée et controversée au Kurdistan irakien renouant avec son passé de militant indépendantiste de la région du Rif.

Au vu de tout cela et de l’incapacité des partis politiques à capter les élites du pays pour faire face aux défis du développement économiques et sociale ; c’est le Roi qui est à la manœuvre. Au lieu d’assurer le pilotage du pays et d’être l’arbitre entre les institutions, il est donc appelé par la force des choses à être en première ligne ; des chantiers de développement économique et social à la gestion urbaine. Certes, on peut s’en féliciter car le charisme du Roi et la légitimité historique de la monarchie peuvent débloquer de nombreux dossiers et mettre en place des réformes audacieuses mais l’option démocratique qu’a prise le pays avec la constitution de 2011 ne semble pas pour l’instant au rendez-vous.

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